« « Le 15h17 pour Paris »: Clint Eastwood, le terrorisme et nous », Causeur, 18 février 2018.

Le 15h17 pour Paris, le nouveau film de Clint Eastwood sur l’attentat déjoué du Thalys interroge notre capacité à affronter la menace terroriste.


Ovni cinématoyable), cinq Golden Globes, trois Césars et de la Palme d’honneur à Cannes en 2009 récompensant sa carrière exceptionnelle, berce nos vies de cinéphiles depuis près de soixante ans avec ses quelque soixante-dix films, dont d’innombrables chefs-d’œuvre. En glorifiant le mythe de l’Ouest américain et en forgeant l’image de ses héros (et de ses anti-héros) sur le modèle des pionniers, il est parvenu à façonner à sa manière la matrice de l’homme occidental.

Il réussit là un énième ande à l’Elysée, sur laquelle viennent se juxtaposer les images d’origine prises le 24 août 2015, est plutôt audacieuse.

Un djihadiste fiché dans trois pays

Pour mémoire, El-Khazzani, piloté par Abdelhamid Abaaoud, terroriste belgo-marocain et « cerveau » présumé des attentats de Paris en 2015, était fiché dans trois pays – dont la France – comme islamiste radical et faisait l’objet d’une fiche S. Il était entré en Europe illégalement avec Abaaoud en se dissimulant dans un groupe de migrants. Equipé de près de 300 munitions, d’une kalachnikov, d’un pisande dans son allocution – pu commettre un carnage dans le train qui transportait ce jour-là 544 passagers dont plusieurs enfants.

L’avocate voulait censurer le film

Incarcéré à la prison de Bois-d’Arcy, El-Khazzani, 28 ans, est tobre 2016, en assurant la défense de deux mineurs de 15 et 17 ans, soupçonnés d’avoir confectionné les engins incendiaires.

Amnésie et déni de réalité

Dans ce contexte, par contraste avec l’affligeante comédie d’Olivier Baroux Les Tuche 3 qui fait actuellement l’objet d’une promotion totaliser 5 ou même 6 millions d’entrées selon les experts (!), l’indifférence voire le dédain affiché pour le film de Clint Eastwood interroge sur la capacité de notre société à tirer les leçons des événements tragiques qu’elle traverse malgré elle. L’amnésie et le déni de réalité la guettent pour sûr, jusqu’à sa disparition certaine, si elle ne fait pas l’effort de revenir à la raison. « Une nation ou une civilisation qui produit de jour en jour des hommes stupides achète à crédit sa propre mort spirituelle » déclarait Martin Luther King. Il ne croyait pas si bien dire.

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